Une étude internationale fait état d’un lien entre l'exposition à la lumière bleue et les cancers du sein et de la prostate

Publié le 03 Mai 2018

Barcelone, 25 avril, 2018 - Martin Aubé, enseignant en Physique au Cégep de Sherbrooke, est coauteur d’une étude internationale révélant un lien entre l'exposition nocturne à la lumière bleue et les cancers du sein et de la prostate. L'étude a utilisé des photographies prises par des astronautes pour évaluer l'éclairage extérieur de Madrid et de Barcelone

L’étude a été menée par une équipe internationale sous la direction de l'Institut pour la santé mondiale de Barcelone (isGlobal). La lumière bleue est émise par la majorité des lumières DEL blanches et de nombreux écrans de tablettes et de téléphones portables. Les résultats ont été publiés dans la revue Environmental Health Perspectives.

« Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le travail de nuit comme cancérogène probable chez l'homme. Il existe des preuves de l’existence d’une relation entre le travail de nuit sous un éclairage artificiel, qui implique une perturbation du rythme circadien, et les cancers du sein et de la prostate. Dans notre étude, nous voulions savoir si l'exposition nocturne à la lumière dans les villes pouvait aussi avoir une influence sur l'apparition de ces deux types de cancer », explique Manolis Kogevinas, chercheur isGlobal et coordinateur de l'étude. « Nous savons qu’en fonction de son intensité et de sa longueur d’onde, la lumière nocturne peut diminuer la production de la mélatonine. Les longueurs d’ondes bleues sont les plus susceptibles de le faire.» dit Martin Aubé, enseignant en Physique au Cégep de Sherbrooke au Canada et coauteur de l’étude. 

La recherche a été menée dans le cadre du projet MCC-Espagne, financé par le Réseau de recherche biomédicale et le Centre d'épidémiologie et de santé publique (CIBERESP). La recherche a utilisé les données médicales et épidémiologiques de plus de 4000 personnes âgées de 20 à 85 ans de 11 communautés autonomes espagnoles. Les informations sur l'exposition nocturne à la lumière artificielle à l'intérieur ont été recueillies lors d'entrevues personnelles, tandis que les niveaux de lumière extérieure ont été évalués, pour Madrid et Barcelone, grâce aux images nocturnes prises par les astronautes depuis la Station spatiale internationale.

Pour les villes de Madrid et Barcelone, il a été observé que les participants vivant dans des zones ayant des proportions plus élevées de lumière bleue extérieure avaient 1,5 et 2 fois plus de risques de souffrir du cancer du sein et de la prostate, respectivement.

Ariadna García, chercheuse à l'isGlobal et première auteure de l'étude, déclare: « Compte tenu de l'omniprésence de la lumière artificielle nocturne, la détermination de l'augmentation ou non du risque de cancer relève de la santé publique. À ce stade, il est nécessaire d'effectuer des études supplémentaires faisant intervenir plus de données individuelles en utilisant, par exemple, des capteurs de lumière sensibles à la couleur et installés dans les espaces intérieurs. Il serait également important de mener cette recherche chez les jeunes qui utilisent des écrans émettant une bonne proportion de lumière bleue. »

« Actuellement, les images prises par les astronautes depuis la Station spatiale est notre seule façon de déterminer la couleur de l'éclairage extérieur sur de grandes échelles. C’est donc, par le fait même, le seul moyen de suivre la progression globale de l’installation des DEL blanches qui émettent beaucoup de lumière bleu dans nos villes », dit Alejandro Sánchez de Miguel, scientifique de l'Institut d'Astrophysique d'Andalousie-CSIC et de l'Université d'Exeter.

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Martin Aubé, enseignant en Physique au Cégep de Sherbrooke, est coauteur d’une étude internationale révélant un lien entre l'exposition nocturne à la lumière bleue et les cancers du sein et de la prostate.

Référence:

Garcia-Saenz A., Sánchez de Miguel A., Espinosa A., Valentín A., Aragonés N., Llorca J., Amiano P., Martín Sánchez V., Guevara M., Capelo R., Tardón A., Peiró-Pérez R., Jiménez-Moleón JJ., Roca-Barceló A., Pérez-Gómez B., Dierssen-Sotos T., Fernández-Villa T., Moreno-Iribas C., Moreno V., García-Pérez J., Castaño-Vinyals G., Pollán M., Aubé M., Kogevinas M. Evaluating the association between artificial light-at-night exposure and breast and prostate cancer risk in Spain (MCC-Spain study). Environmental Health Perspectives

En savoir plus sur l’étude

Source et information :

Martin Aubé, enseignant en Physique au Cégep de Sherbrooke
819-564-6350, poste 4146
martin.aube@cegepsherbrooke.qc.ca