De grève en grève

Le Cégep était à peine né qu’il vivait déjà sa première « grève » étudiante. Le jeudi 17 octobre 1968, les étudiants entamaient leur quatrième journée d’étude consécutive. Au dire de La Tribune, les principales revendications portaient sur les prêts et bourses, les débouchés à l’université et sur le marché du travail de même que sur la société québécoise dans son ensemble. D’ailleurs, rappelons-nous que les événements de mai ’68 n’ont pas été sans conséquences au Québec. Pendant la semaine de grève, l’association des étudiants a tenu des assemblées générales et des séances d’études et d’information. De son côté, l’administration ordonnait la reprise des cours.

Dans le tourbillon provoqué par le bill 63 et dans le climat de contestation étudiante qui s’ensuit, le 29 octobre 1969, le Cégep décrète un lock-out après la décision des étudiants de boycotter les cours. Le problème cette fois se situe au sein même de l’association étudiante qui connaît des ratés depuis le mois de mai. Mais, selon le directeur général de l’époque, monsieur Sabourin, « il reste possible que l’on ait profité de la fameuse occasion du problème suscité par le bill 63* » pour déclencher ce boycott.

Aujourd’hui, si les revendications des étudiants sont fondamentalement les mêmes, il faut avouer que le climat a changé. L’effervescence des premières années des cégeps a laissé place à une certaine morosité, diront certains, qui n’est que le reflet d’un désengagement social et politique. Ceux qui ont plus de 50 ans se souviennent avec nostalgie de l’époque où les rues de la ville étaient le lieu de toutes les contestations. Il faut cependant se méfier de notre mémoire qui magnifie ces années folles de notre jeunesse!

* Un des objectifs de la loi 63 était de donner aux parents la possibilité de choisir la langue d’enseignement de leurs enfants. Un tollé de protestation s’est alors fait entendre dans la population qui craignait pour la survie de la langue française.

Céline Lemieux
Comité du 40e